Depuis plusieurs années, on observe chez les Français, une volonté de consommer mieux. En effet, la tendance d’une consommation plus responsable autant pour la planète que pour sa santé est en forte hausse. Pour preuve, 60% des Français attendent plus de transparence des marques en termes d’impact environnemental et sociétal d’après l’étude de l’organisation EY. Les marques éthiques et engagées sont donc plébiscitées par la plupart des Français. Il est en de même pour les solutions comme Yuka, des applications permettant de vérifier facilement l’origine des produits. Cette volonté de consommer mieux s’inscrit dans un contexte où la planète est dans un état critique et où l’impact de notre consommation pourrait changer la donne.

Pour preuve, quelques chiffres clés :

25% des consommateurs souhaitent savoir si un produit a une certification environnementale indépendante avant de l’acheter. D’après Ipsos, en 2021, 79% des Français sont convaincus que sans changement d’habitude immédiat, nous nous dirigeons vers une catastrophe, ce qui montre bien l’importance accordée à l’aspect écoresponsable.

8 consommateurs sur 10 pensent également qu’il est possible de concilier les impératifs économiques et les aspects sociétaux-environnementaux. Les entreprises ont donc tout intérêt à prouver leur engagement et leur transparence. De plus, les tendances du vintage et de la seconde main ont renforcé ce nouveau mode de consommation plus responsable.

Les comportements écoresponsables augmentent mais tout le monde se sent-il véritablement concerné ?
La première chose à retenir est que tout le monde peut avoir un comportement écoresponsable mais évidemment certaines catégories de consommateurs y sont plus sensibles que d’autres. L’un des premiers facteurs à prendre en compte est l’âge. Les jeunes adultes et la génération Y (25-40 ans) sont les plus sensibles sur ces questions. Ce qui semble logique, dans la mesure où les plus jeunes générations ont une nécessité de projection plus importante que les générations futures.

L’un des principaux freins pour une consommation plus respectueuse est le coût financier qui va souvent avec, c’est pourquoi les classes moyennes à supérieures, donc les CSP+, sont la cible principale.

Concernant le cadre socio-démographique, la plupart de ces individus sont des urbains. Habiter en ville signifie en général avoir un accès facilité à des options de consommation durable telles que les marchés bio, les magasins de seconde main ou encore les transports en commun. De plus, c’est souvent en ville qu’on remarque le plus l’impact néfaste de notre consommation que ce soit en constatant l’affluence dans les grands magasins démontrant une consommation abusive et déraisonnée ou encore le manque d’espaces verts pour se ressourcer. Les personnes habitant en milieu rural sont moins sujettes à vivre ces situations.

Plus on est instruit, plus on se rend compte de l’importance de ces questions. Ainsi, la cible touchée est souvent issue d’une éducation supérieure, associée à une sensibilisation accrue aux problématiques éthiques et environnementales.

Les habitudes alimentaires sont aussi un facteur très important. Les végétariens ou les végans sont plus touchés par les questions environnementales car souvent la mise en place de leur régime alimentaire a été motivée en partie par ces problématiques. En effet, d’après Le Figaro, 34% des Français affirment avoir effectué des changements radicaux dans leur alimentation dans le but d’arriver à une consommation plus responsable. 1 français sur 3 a pour volonté d’acheter plus de produits locaux et cela va de pair avec l’augmentation de la fréquence des commerces de proximité, même avec la croissance du digital. Pour preuve, 60% des e-acheteurs affirment avoir commandé, en 2021, sur un site d’un commerçant de proximité d’après une étude de la FEVAD.

Les amateurs d’activités en plein air ont souvent logiquement un penchant écologique afin de préserver leur environnement. Nous pourrions aussi évoquer les personnes sensibles aux nouvelles tendances comme le minimalisme, le vrac ou encore la mode éthique.

Dans la même idée, les personnes sensibles aux nouvelles technologies peuvent aussi être la cible en s’intéressant à des nouvelles applications permettant par exemple une meilleure traçabilité des produits.

Pour terminer, d’autres facteurs comme les habitudes transmises par l’entourage, les groupes sociaux ou les groupes d’appartenance exercent une influence sur notre façon de consommer. De manière générale, les comportements écoresponsables augmentent drastiquement mais sont- ils sans limite ?

L’impact du covid et des confinements :

Les confinements à répétition, la fermeture des frontières et la crise sanitaire de manière générale ont entrainé une nécessité de consommer plus local pendant plusieurs mois. Force est de constater que cette tendance a perduré. De manière plus globale, la pandémie était une période tellement surréaliste qu’elle a permis une prise de conscience accrue face à la nécessité de préserver notre environnement et notre santé.

Mais le covid a aussi renforcé des comportements peu éco-responsables pour des raisons sanitaires comme le recul du zéro déchet avec l’utilisation accrue de produits uniques comme les masques, la réduction de la prise des transports en commun ou du covoiturage ou encore la diminution de l’économie collaborative. De plus, certaines entreprises ont réduit leurs initiatives de durabilité en raison des contraintes économiques liées aux restrictions.

En clair, la pandémie a créé un contexte ambivalent pour les comportements durables en augmentant certaines pratiques et en diminuant d’autres.

La limite du Greenwashing :

Attention à ne pas tomber dans l’extrême. Selon une étude de l’institut de sondage international YouGov, 67% des Français estiment que le greenwashing, qui consiste à communiquer au public en utilisant l’argument écologique de manière abusive et trompeuse pour améliorer son image, est trop présent. En effet, le consommateur actuel est très informé et de plus en plus exigeant.

En plus d’entrainer un sentiment de saturation générale, le greenwashing amène à une déculpabilisation des consommateurs face au fait d’acheter le produit le moins cher au risque d’acquérir des produits encore moins écoresponsables. Différentes techniques telles que le détournement d’attention, le manque de transparence, le faux label, le mensonge, ou encore le packaging trompeur sont utilisées par les entreprises.

Cependant, le greenwashing est condamné en France par la loi et par l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), qui est un organisme privé.
Depuis 2021, pour une pratique qualifiée de greenwashing, le montant de l’amende pourra être porté à 80% des dépenses engagées.

L’ADEME, l’Agence de la transition écologique travaille régulièrement avec l’ARPP pour limiter ces pratiques qui participent directement à la désinformation des consommateurs entrainant une décrédibilisation de la sensibilisation faite par les ONG. L’association environnementale Greenpeace, a d’ailleurs déposé une plainte contre des publicités jugées trompeuses. Pour illustrer ces pratiques, quelques exemples :

H&M et la méthode du détournement d’attention :
En 2011, l’entreprise lance une collection « Conscious » dite éco-responsable. Les vêtements seraient fabriqués à partir d’éconyl (nylon 100% recyclé) ou encore de coton bio. La marque prône alors ses engagements environnementaux dans ses communications mais ce n’est pas parce que l’entreprise lance une collection écoresponsable que la marque devient elle-même entièrement responsable. D’autant que cette collection propose très peu d’informations. Par exemple, le pourcentage de coton bio recyclé utilisé sur les jeans de la collection n’est pas précisé.

Intermarché et les faux labels :
On peut aussi citer Intermarché qui a utilisé, en 2011, un label pêche responsable sur certains produits. Or le seul éco-label qui existe en France pour la pêche est celui du Marine Stewardship Council (MSC) et il se trouve que le label utilisé par Intermarché ressemble fortement à celui-là. De plus, la pêche industrielle effectuée par Intermarché en 2011 ne pouvait être considérée comme durable.

Volvic et les packagings trompeurs :
On peut parler de Volvic qui a affirmé qu’une de ses bouteilles était en plastique d’origine végétale or seulement 20% de la bouteille l’était. De plus, les ingrédients chimiques de la molécule issue du végétal sont les mêmes que ceux du plastique habituellement utilisé.
Pour terminer, on peut évoquer le cas très contestable de la marque de cigarettes Lucky Strike qui, en 2011, a eu l’idée de remplacer la feuille d’aluminium présente dans les paquets par une feuille en carton. Mais mettre un emballage éthique autour d’un produit polluant ne va pas le rendre plus responsable.

On pourrait aussi parler de Shein qui a lancé son site de seconde main EvoluShein, de la Fifa qui tente de nous faire croire que la Coupe de Monde est neutre en carbone ou encore de Burger King qui aimerait recevoir une médaille pour sa vaisselle réutilisable. En clair on ne manque pas d’exemples. Ainsi, pour éviter de tomber dans ces pratiques, les maitres mots sontinformation et transparence. Autant pour les marques que pour les consommateurs, il est primordial de se renseigner notamment sur les labels ou encore de vérifier la transparence et les compositions avec l’aide du nutriscore ou d’applications comme Yuka.

L’aspect de la réglementation est aussi à prendre en compte :

En effet, le cadre réglementaire est en constante évolution. Il peut s’avérer être un véritable booster pour appuyer sa crédibilité ou à l’inverse il peut être un frein important si on ne s’y conforme pas.

En France :
Sans rentrer dans les détails, nous pouvons évoquer la loi sur l’économie circulaire adoptée en 2020. Cette loi vise à réduire le gaspillage et à promouvoir la réutilisation des produits. Elle impose des obligations aux entreprises notamment en matière de recyclage.
La TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) vise à inciter les entreprises à réduire leur impact environnemental en France. Elle impacte différents secteurs comme les déchets ou encore l’énergie.
On peut aussi parler des chartes de l’ADEME (Agence de la transition écologique). Les entreprises peuvent adhérer à ces chartes et ainsi prouver leur engagement environnemental. Pour conclure au niveau national, on peut citer la loi Pacte promulguée en 2019 qui introduit des préoccupations sociétales et environnementales dans les activités des entreprises par le biais de la participation des salariés, par l’élargissement des critères de performance ou encore par l’économie sociale et solidaire.

En Europe et à l’international :

Au sein de l’Union européenne, entrée en vigueur en 2018, une directive interdit certains produits en plastique jetable. Cette même directive vise également à réduire l’utilisation de ce plastique dans la fabrication d’autres produits.
Au niveau international, la norme ISO 14001 établit des critères pour la mise en place d’un système de management environnemental. Se conformer à cette norme n’est pas une obligation mais un choix permettant d’asseoir la crédibilité de l’entreprise sur ces questions.

Une autre norme notable est l’ISO 50001 qui encourage les entreprises à mettre en place des systèmes de gestion de l’énergie pour optimiser leur efficacité énergétique et réduire leur consommation.

Comme exposé précédemment, les consommateurs sont des plus en plus regardants et avisés sur ces sujets. Les différents labels comme l’écolabel européen permettent donc d’appuyer la crédibilité des marques et de contrer l’aspect greenwashing auprès des consommateurs. De plus, le gouvernement se livre aussi à des incitations financières pour épauler les entreprises dans leur transition écoresponsable. On parle ici de réduction d’impôt ou de subvention qui peuvent permettre une transition plus rapide amenant par la suite à l’obtention de ces labels.

Les contraintes liées au contexte économique :

L’inflation, la baisse du pouvoir d’achat et le contexte économique difficile obligent beaucoup de français à changer leurs modes de consommation et à trouver des solutions alternatives. En effet, les consommateurs sont en recherche d’optimisation du pouvoir d’achat. 25% d’entre eux disent comparer davantage les prix et 30% achètent plus en promotion donc en faveur des marques de distributeurs (MDD) selon le dernier rapport d’HubSpot et Talkwalker.

Une étude de NielsenIQ montre également que 45% des Français sont inquiets de cette inflation durable et 9 sur 10 font attention à leurs dépenses.
Face à cette situation, 4 français sur 5 envisagent de baisser leur consommation tous secteurs confondus et 55% des consommateurs accordent plus d’importance que par le passé aux avantages liés à la fidélité d’après une étude du cabinet Wavestone. Les difficultés économiques actuelles obligent donc les consommateurs à être plus regardants sur le prix et moins sur l’écoresponsabilité du produit.

En bref, la situation économique entraine l’émergence de deux univers ambivalents : d’un côté, le commerce dont l’attractivité repose sur une offre accessible à petit budget et de l’autre une approche où le local et la proximité sont mises en avant. Il est très difficile pour une entreprise de se positionner sur les deux créneaux en même temps.

Des limites autres que le greenwashing, la pandémie et le contexte économique sont aussi bien présentes. Nous pouvons citer évidemment les habitudes de consommation ancrées, le manque de sensibilisation et d’éducation, la contrainte de temps, la résistance de certaines entreprises au changement, l’incertitude sur l’efficacité réelle des actions ou encore la complexité due à la surcharge d’informations notamment sur les certifications et les étiquetages.

Face à ces freins, des solutions mêlant économie, écologie et facilité sont apparus dans les habitudes des consommateurs :
Une étude de l’IRI (institut spécialisé dans l’analyse des données des produits de grande consommation) montre que 39% des Français, en 2021, affirmaient vouloir acheter plus de produits locaux. En évitant les coûts notamment logistiques, les produits locaux apparaissent comme une alternative pas forcément plus chère.

Utiliser et réutiliser, un concept de base :

Utiliser et réutiliser est une autre habitude mise en place par les consommateurs pour des raisons aussi bien écologiques qu’économiques. Les concepts de réparation et de customisation simplifiée deviennent une norme. Par exemple, la marque Murfy permet de faire réparer son électroménager à domicile. On peut aussi citer ici la nouvelle loi obligeant les fabricants de smartphones, tablettes et autres petits appareils électroniques vendus en France à avoir un chargeur universel d’ici à décembre 2024.

On observe également depuis plusieurs années l’essor de nouvelles pratiques comme la seconde main, le minimalisme, le vrac ou encore la location.

Louer ou acheter et revendre :

En guise d’illustration, 50% des e-acheteurs ont réalisé au moins une transaction de produits de seconde main et 80% ont acheté ou vendu un produit de seconde main selon une étude de la FEVAD. Il est important de noter que les achats d’occasion se font souvent par contrainte budgétaire (à 51%).

Le réemploi permet la protection de l’environnement, l’économie personnelle et favorise l’économie circulaire. Une tendance croissante reflétée dans le classement des sites de e- commerce les plus visités : parmi les cinq premiers, deux d’entre eux sont des sites de seconde main, notamment Vinted.

Privilégier la location à l’achat est devenu une méthode courante. En 20 ans, l’économie de la location de matériel a connu une augmentation phénoménale de 80% selon l’INSEE avec notamment le développement des sites de location entre particuliers comme Leboncoin. L’économie collaborative est une tendance plébiscitée. 90% des Français déclarent avoir déjà eu recours au moins une fois à cette pratique qui repose sur le partage ou l’échange de biens entre particuliers.

Le vrac pour limiter le suremballage :

Le vrac est aussi une tendance qui connait un développement exponentiel en France. D’après une étude du cabinet Nielsen, 37% des consommateurs ont déclaré acheter en vrac en dehors de fruits et légumes frais. Ce pourcentage est encore plus élevé chez les moins de 35 ans. Les consommateurs de vrac sont plus sensibles à l’environnement et favorisent des achats bio et locaux de produits équitables.

Avant 2014, très peu voire aucun magasin ne proposait ce type de distribution. Aujourd’hui, de nombreux réseaux sont apparus et les épiceries spécialisées se sont multipliées. Environ 80% des magasins bio sont équipés d’un rayon spécifique et les grandes surfaces développent également ce type de rayon dans leurs enseignes.

Carrefour a notamment étendu la vente en vrac dans les espaces « Bio expérience » de 400 à 500m2 dans ses hypermarchés et ses supermarchés proposent maintenant plusieurs centaines de références.
Le prix est un avantage crucial pour ce nouveau mode de distribution, ce qui explique sa forte croissance. En effet, un produit en vrac coûte en moyenne 5 à 30% moins cher qu’un produit classique.

Le minimalisme, une philosophie de vie :

« Less is more » (moins c’est plus), en français on dirait plutôt « vivre mieux avec moins », caractérise parfaitement le principe du minimalisme qui ne date pas de hier. En effet, cette philosophie prend ses racines dans les années 60. Se débarrasser du superflu et prôner la sobriété matérielle pour aller à l’encontre de la société de surconsommation telle est l’idée même de ce mode de vie. Désencombrer son espace est donc le premier geste à adopter.

Différentes motivations favorisent ce mode de vie comme l’aspect écologique, une idéologie sociétale ou encore pour son propre bien-être. Si on se réfère aux 20 millions de publications Instagram sous le hashtag #minimalisme, on observe que cette tendance s’est élargie à la décoration, à la mode ou encore aux tatouages mettant en avant des traits fins et des couleurs claires et naturelles comme le beige devenant ainsi un code esthétique.

Comme le vrac, ce mode de vie est également plébiscité en raison des économies qu’il engendre. En 2021, 65% des 18-34 ans se disaient prêts à vivre avec un style de vie plus minimaliste selon CBNews.

L’intégration, par les entreprises, de ces nouveaux modes de consommation :

Dans un milieu particulièrement concurrentiel, il est primordial pour les marques de s’adapter et d’intégrer ces nouvelles méthodes pour améliorer leur image, développer leur notoriété ou encore accroitre leurs ventes. Nous savons qu’aujourd’hui une marque qui est considérée comme peu moderne voire « en retard » sera délaissée au profit de ses concurrents. S’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs est la première mission de chaque entreprise.

La majorité des secteurs sont impactés :

Nous l’avons vu précédemment, le secteur alimentaire est particulièrement impacté. C’est également le cas de l’industrie de la mode, qui subit des changements majeurs. La fast-fashion et l’ultra fast-fashion avec Shein notamment, sont totalement remises en question au profit des sites de vêtements recyclés, de seconde main, fabriqués en France, effectués par des salariés adultes dans de bonnes conditions avec une rémunération aux normes, etc.

On pourrait aussi évoquer le secteur des cosmétiques concerné par le sujet des ingrédients utilisés, des tests sur les animaux et du suremballage de certains packagingds.

L’industrie automobile est quant à elle questionnée par rapport à la demande croissante de véhicules électriques et hybrides pour réduire les émissions de carbone.

Le milieu de tourisme voit apparaitre une demande croissante de voyages écoresponsables, la sphère des technologies doit prendre en compte le recyclage des appareils, le secteur de l’énergie doit réduire les énergies fossiles au profit des énergies vertes et l’industrie de la construction de l’immobilier doit prendre en compte la hausse de la demande de constructions durables et de certifications environnementales.

En résumé, une grande majorité des secteurs d’activités, si ce n’est tous, sont impactés par l’évolution de ces comportements. Cela crée des opportunités inouïes pour les entreprises qui savent s’adapter à ces nouvelles attentes mais pose également des défis à celles qui ont plus de difficulté à prendre le virage. L’écoresponsabilité devient donc un élément clé de la stratégie des entreprises.

Pour preuve, développons le cas du secteur de la logistique :

Pour répondre à ces problématiques, nous avons décidé de poser six questions clés à Woehl&cie, une entreprise de transport fondée en 1955 en Alsace.

  • Pouvez-vous présenter ?
  • « Woehl est un transporteur / commissionnaire de transport à vocation européenne et donc essentiellement routière. Nous ne pratiquons ni le maritime, ni l’aérien qui sont des modes de transport qui ont malheureusement une empreinte environnementale significative. Woehl s’adresse quasiment exclusivement à un marché de B to B. »
  • Comment vous positionnez-vous sur ces questions d’écoresponsabilité ?

« Ces sujets nous préoccupent depuis 5 ans et donc déjà avant le COVID. En effet, tout en étant une artère vitale de l’économie, ce qui a été largement prouvé durant les confinements où notre activité a été considéré comme étant la deuxième ligne, nous sommes pleinement conscients notre empreinte environnementale et donc de notre responsabilité sociétale.
Nous activons tous les ans un plan RSE et formalisons nos actions au travers d’un rapport RSE que nous publions auprès de toutes les parties prenantes.

Nous adhérons à la charte ADEME via le module Ev Com et nous participons au label Ecovadis. Nous avons créé un club RSE en interne afin « d’embarquer » toutes les équipes.
Nous démarrons nos travaux pour nous mettre en conformité avec un nouveau texte européen, la CSRD, qui nous oblige à mesurer, formaliser et publier le résultat de nos actions environnementales. Ce texte s’imposera à nous en 2026 mais nous avons décidé d’anticiper cette démarche et allons dès 2024 travailler sur ces sujets. »

  • Quelles sont vos stratégies et vos actions concrètes ?

« Nous menons des actions de sensibilisation à destination de nos équipes et nous travaillons sur notre chaine de valeur et donc sur notre modèle économique. Quelques exemples d’actions à destination de nos équipes :

  1. Nous utilisons le moteur de recherche écosia à la place de Google (écosia s’engage à planter 1 arbre tous les 45 clics). Cela représente pour Woehl plus de 1500 arbres plantés par an.
  2. Nous avons installé des ruches dans toutes nos agences pour sensibiliser à la biodiversité. Et le seul fait d’offrir un pot de miel aux collaborateurs ou aux clients participe à cette indispensable prise de conscience.
  3. Nous avons fait appel à la société Cy clop qui nous a installé des cendriers et qui s’engage à récupérer et recycler les mégots dans une filière adaptée. Il faut savoir qu’un seul mégot dans la nature pollue 500 litres d’eau.
  4. Nous avons remplacé tous nos luminaires par des Leds avec le double objectif de diminution des coûts d’énergie et d’offrir de meilleures conditions de travail à nos collaborateurs.
  5. Nous passons progressivement tous nos véhicules de fonction vers de l’hybride.

A destination des clients :

  1. Nous favorisons autant que possible la solution du ferroutage (camions placés sur un châssis de wagon). Nous regrettons cependant le manque d’investissement et donc d’infrastructures de la part des pouvoirs publics.
  2. Nous avons investi pour la livraison dite « du dernier kilomètre » dans des véhicules au GNV (Gaz naturel pour véhicule).
  3. Nous travaillons activement avec nos clients pour adapter nos plans de transport avec l’objectif d’augmenter les coefficients de remplissage et diminuer les kilomètres à vides.
  4. Notre supply chain est de plus en plus vertueuse (en 2018 les véhicules de la norme euro 6 représentaient 60%, en 2020 ce pourcentage est passé à 80%, en 2023 il était de 95 %). »
  • Quels sont les comportements que vous avez pu observer en lien avec votre activité ? Et de quelle manière la montée en puissance de ces comportements a affecté votre entreprise ?

« Tout d’abord, ceux de nos collaborateurs : nos collaborateurs reconnaissent les efforts de l’entreprise et sont fiers de leur appartenance. La notion de fierté est mesurée tous les ans. Ce taux est passé de 60 à 80% lors de la dernière enquête. Dans le cadre de nos recrutements, ces éléments sont mis en avant et deviennent de plus en plus souvent des éléments déterminants pour les candidats. Ensuite ceux de nos clients. Nos commerciaux ont intégré cette dimension dans leurs éléments de langage et cela crée une véritable différence dans la proposition de valeur. Nos clients et prospects expriment ce besoin de plus en plus clairement dans leurs appels d’offres
Nous pensons même que d’ici 2 ans ces éléments seront incontournables et les confrères qui n’auront pas fait les efforts dans ce sens risquent d’être discriminés. »

  • Quel impact la pandémie a eu sur votre entreprise ? Quels sont les effets post Covid ?

« Comme je le disais en introduction, nous étions en deuxième ligne. Au plus fort de la crise notre activité s’est rétractée de 40/45%. Néanmoins nous avons vécu un rattrapage à la sortie des confinements de sorte que sur une année pleine notre activité ne s’est contractée que de 5%.

Quant aux effets post Covid, je dirais qu’ils sont plutôt positifs. Évoquons, la généralisation du télétravail. Dès lors que ce mode de travail est correctement régulé et réglementé, l’impact est positif entre autres en ce qui concerne l’équilibre vie privée/vie professionnelle. C’est un item auquel nous attachons beaucoup d’importante et que nous mesurons également tous les ans.

Comme dans toute chose, ce sont les abus qui deviennent préjudiciables. Trop de télétravail nuit à la cohésion des équipes et donc au sentiment d’appartenance et au projet collectif que toute entreprise est sensée promouvoir. Un deuxième effet serait cette prise de conscience que nous sommes « fragiles » et que nous devons tous réagir pour tendre vers un monde meilleur. Le troisième effet serait que chaque geste compte et qu’aucun geste n’est superflu. »

  • Quelles sont vos aspirations sur ces questions pour les années à venir concernant votre activité ?

« Nous espérons une forme de relocalisation des supply chains en Europe au détriment des activités dans le Far East. Cela irait évidemment au bénéfice de notre modèle économique mais également de toute la société avec des impacts majeurs qui sont :

  1. Les réductions des empreintes environnementales.
  2. Mais également la baisse de chômage en proposant à nos jeunes générations des postes dans tous les domaines mais principalement dans l’industrie qui aura été la grande sacrifiée de la mondialisation telle qu’elle a été pratiquée.
  3. Si tel était le cas nous pourrions même espérer que nos sociétés deviennent plus apaisées et que le vivre ensemble devienne de nouveau une réalité. »

Pour conclure, nous pouvons constater que les comportements écoresponsables sont de plus en plus présents tous secteurs confondus. Différents aspects peuvent permettre aux entreprises de s’adapter en fonction de leur activité et de leur positionnement. Par exemple, en choisissant d’utiliser des packagings durables, en mettant en place la livraison écoresponsable, en collaborant avec des fournisseurs qui ont les mêmes valeurs, en optimisant les conditions de travail, en obtenant des labels ou encore en mettant en avant leurs engagements. Ces solutions doivent être pensées en externe pour les clients mais aussi en interne pour les collaborateurs afin de développer la marque employeur. Cependant, ces dernières ont des limites et il est primordial d’avoir à l’esprit les différents cadres économiques, légaux et sociétaux pour s’adapter au mieux, optimiser sa stratégie et offrir la meilleure proposition de valeur possible.

SOURCES :

  • https://www.hellocarbo.com/blog/communaute/greenwashing-exemples/
  • https://www.topito.com/top-pires-exemples-greenwashing
  • https://www.dynamique-mag.com/article/achat-vrac-nouvelle-tendance.11353
  • https://www.salsify.com/fr/blog/grandes-tendances-commerce-2023
  • https://www.kissthebride.fr/commerce-connecte/tendances-consommateurs-2023/
  • https://www.republik-retail.fr/strategie-retail/enseignes/pratiques/les-points-cles-de-la- consommation-en-2023.html
  • https://www.wavestone.com/fr/insight/barometre-nouvelles-tendances-consommation-2023/
  • https://www.hubinstitute.com/articles/tendances-de-consommation-pour-2023-la-fidelisation- sauvera-les-marques
  • https://www.valhor.fr/actualites/etude-ipsos-2023-quelles-tendances-de-consommation
  • https://www.webmarketing-com.com/2023/02/07/1707770-top-7-tendances-consommation- 2023
  • https://www.blogdumoderateur.com/rapport-tendances-consommation-francais
  • https://blog.mediapost.fr/tendances-de-consommation-des- francais/#:~:text=Globalement%2C%20les%20tendances%20de%20consommation,verra%2C %20mais%20tout%20de%20m%C3%AAme.
  • https://meanwhile.boutique/blogs/news/le-minimalisme-philosophie-ou-tendance
  • https://www.made-in-meubles.com/blog/tendance-minimaliste/ https://www.fevad.com/les-chiffres-minimalisme/
  • https://www.euractiv.fr/section/tech/news/le-chargeur-universel-obligatoire-en-france-a- partir-du-28-decembre-2024/
  • Podcast Marketing par Intuiti : Flashback (épisode 49 du 22/12/2023 : Faire de ses valeurs, une valeur ajoutée – Kévin Gougeon, N’go Shoes)