Le packaging pollue, tue les animaux marins, ment sur les produits… Tant de définitions négatives qui dénoncent la catastrophe écologique causée en partie par ces emballages.
A côté de cela, le vrac connaît un succès fulgurant auprès des consommateurs. Les packagings seraient-ils donc voués à disparaitre ?


Le but du packaging est-il de nous donner faim ? De nous faire saliver au point de céder à l’achat ? On peut donner l’exemple de l’iconique packaging rouge des Daims chez Ikea. Situé à tous les recoins du magasin, il est souvent impossible de repartir sans qu’il nous ait tapé dans l’œil et nargué tout le long de cette promenade d’intérieur. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains consommateurs préfèrent faire leurs courses en ligne plutôt que de se déplacer en magasin. En plus du côté pratique, la question de la tentation revient fréquemment : ne pas céder pour ne pas dépenser davantage. Et la solution à ce problème est le plus souvent le digital. Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez lire mon précédent article « Le digital, un enjeu pour la consommation alimentaire ? ».

Revenons au cœur de notre sujet : le packaging, surface de communication certainement la plus proche des consommateurs et la plus décisive dans l’acte d’achat. Les marques emploient toutes sortes de stratégies visuelles pour séduire les consommateurs. Cependant, être attirante ne suffit plus pour les consommateurs qui demandent à présent de la part des marques des actions concrètes en faveur de l’environnement. Elles ont un rôle à jouer pour améliorer l’avenir des générations futures. Or, le packaging est en première ligne pour communiquer sur ces changements. Nous allons voir dans cet article quelles stratégies sont adoptées par les marques et quelles formes semble prendre le packaging.

Les réseaux sociaux : une source d’inspiration des marques

La prise de conscience de notre impact écologique ne date pas d’hier. Pourtant ce sont les récentes prises de paroles d’associations, d’ONG ou groupes d’individus qui ont augmenté considérablement le sentiment de responsabilité des êtres humains. Chaque individu entreprend donc, à sa manière, des gestes au quotidien qui limitent leur impact écologique. C’est en quoi, de nouveaux régimes et besoins ont vu le jour en l’espace de quelques années. Besoins auxquels les marques doivent répondre : les individus deviennent de plus en plus exigeants sur les produits qu’ils achètent, et prêtent plus attention à l’image de marque. Aujourd’hui, les consommateurs ont besoin de naturalité, de responsabilité, de transparence, d’accès à l’information et d’honnêteté de la part des marques. De même, un lien de plus en plus solide se tisse entre alimentation transparente et alimentation saine.


Ces besoins et frustrations, les marques l’ont remarqué. Notamment grâce au Foodporn, véritable eldorado des tendances alimentaires pour celles-ci… Mise en valeur des produits, partage de recettes, visuels appétissants… Les réseaux sociaux sont le principal support du Foodporn et disposent d’une banque d’images gourmandes conséquente. Cela s’est d’ailleurs accentué avec le confinement.

« Avec le développement des réseaux sociaux, il y a un déplacement des images alimentaires en format papier vers le format électronique. Les réseaux sociaux permettent à n’importe qui de parler et de transmettre ses petites recettes. Notamment avec la covid, les gens se sont échangés des recettes et on a vu un développement faramineux des DIY sur Youtube…. Cela ajoute de l’information pour montrer qu’on a des compétences, c’est de l’égo-casting. »

R.Sansaloni, Chargé d’études

Les consommateurs apprécient de partager et d’échanger eux-mêmes le résultat de leur cuisine. Indirectement, ils produisent eux-mêmes une source riche en information pour les marques : les recettes partagées marquent la volonté de transparence sur la composition des produits, les ingrédients font ressortir les produits tendances et les nouveaux régimes émergents comme les vegans, végétariens ou encore flexitariens. D’autres recettes montrent la volonté de lutter contre le gâchis alimentaire. Finalement, pour optimiser cette information, un article de emarketing.fr montre que certaines marques comme WhiteWave Foods ont fait appel à Linkfluence, start-up française, pour pratiquer la stratégie du social listening : exploitation des données sur les réseaux sociaux dans l’objectif de répondre aux besoins clients. Cela permet d’innover. Dans le cas de WhiteWave Foods, cette veille leur a permis de développer des produits à base de ashwagandha pour des compléments alimentaires. Ou encore, des yaourts en poche à packaging éco-friendly pour Danone. Ces analyses de données permettent aussi aux marques d’être plus habiles dans leur message. Interbev dans sa dernière publicité télé se met en valeur en jouant avec le régime flexitarien. Par cette manœuvre, la marque contourne les critiques liées à la consommation de viande et met en avant que manger de la viande et être responsable peuvent être compatibles. Sa solution ? Manger varié et mieux en choisissant de la viande de qualité, plus responsable et plus durable. Ainsi la marque déculpabilise les consommateurs et suggère qu’il vaut mieux en manger de temps en temps et de bonne qualité que souvent et qu’elle soit médiocre.


Les réseaux sociaux sont donc une excellente source pour orienter la communication des marques notamment sur la composition de leurs produits et leurs packagings. D’ailleurs le rôle des packagings est remis en question notamment en raison des problématiques environnementales.

Le packaging : un rôle en constante évolution

Il y a un avant et un après prise de conscience écologique. Avant, le packaging devait permettre à une marque de se distinguer et d’être une « interface entre le produit d’une part et le consommateur d’autre part » comme le suggère Benoît Heilbrunn dans son livre Le packaging. Tout a son importance entre le choix des couleurs, de la forme, du placement du logo… Il veut attirer l’attention, séduire le consommateur, amener à différencier une marque de ses concurrents et projeter le consommateur dans un milieu qui a du sens et des valeurs. « C’est une arme essentielle pour créer de la préférence sur des marchés de plus en plus concurrentiels et qui ont tendance à s’uniformiser. (…) c’est un vendeur silencieux qui agit bien souvent comme déclencheur d’achat » indique B. Heilbrunn dans ce même ouvrage. Cette description illustre le rôle principal du packaging. Mais, des études scientifiques ont commencé à sortir des chiffres chocs sur l’impact des emballages, leur cheminement et leur production. La question écologique est donc venue au centre des préoccupations des consommateurs. Ils se sont montrés plus soucieux de l’impact écologiques des marques : c’est devenu un nouveau critère d’achat. Mon packaging.com a notamment relevé 3 nouveaux comportements dans le choix des produits :

Le bon élève : celui qui lit attentivement les indications sur le packaging pour prendre connaissance des informations disponibles et vérifier que le produit répond à ses attentes.
Le sévère : Celui qui va chercher le détail qui fait mouche sur les étiquettes. Il pourrait immédiatement stopper l’achat s’il relève une ou des incohérences.
L’écoresponsable : celui qui va prêter attention à la matière de l’emballage. Il apprécie le naturel et la simplicité.

De nouveaux besoins et attentes se sont développés conduisant les marques à adopter une nouvelle forme de communication sur leur packaging pour mettre en avant leur transition écologique.

Le packaging est toujours un outil de différenciation. Cependant les consommateurs semblent attendre les marques sur un nouveau volet : l’engagement écologique. Au moindre faux pas les marques sont pointées du doigt sur les réseaux sociaux à coup de hastags. Les consommateurs relèvent les incohérences entre leur discours et leurs actes, et dénoncent les effets néfastes pour l’environnement. Par exemple, en 2015 un scandale autour de Nutella a explosé : la culture de l’huile de palme étant la première cause de déforestation en Asie du Sud-Est, et un des produits contenus dans la pâte chocolatée. En conséquence, le groupe Ferrero a dû redorer son image en se fixant un objectif zéro déforestation et en assurant la traçabilité de ses produits Nutella. Le packaging est donc un support de communication clé pour véhiculer ce message et atteindre cet objectif en toute transparence.
Le packaging n’est plus seulement une identité visuelle capable de distinguer une marque de ses concurrents, c’est aussi mettre en valeur ses engagements écologiques et les tenir. Le consommateur s’intéresse à ces problématiques et s’interroge sur les actions mises en œuvre par les marques : sont-elles responsables, que font-elles pour l’environnement, quels engagements tiennent-elles…

Elles sont tenues de communiquer sur ces changements et doivent être convaincantes dans leurs actes. C’est pourquoi les packagings sont l’une des premières preuves du respect de leur engagement. Quels signes mettent-elles en place pour montrer leur engagement écologique ?

Vers un packaging plus durable

Le packaging est le premier intermédiaire à travers lequel les individus s’aperçoivent de la contribution des entreprises pour l’environnement. Et un des premiers signes sur le packaging est la matière, la composition de l’emballage en lui-même. D’après monpackaging.com, lorsqu’une marque revoit son packaging pour le rendre plus responsable, cela revient à devoir retravailler toute l’éco-conception et l’économie autour de celui-ci. Elles doivent prendre en compte :

– L’extraction et la fabrication de la matière première ;
– Le transport jusqu’au lieu de fabrication ;
– La fabrication ;
– Le conditionnement ;
– Le transport jusqu’au lieu de vente, puis jusque chez le consommateur ;
– L’utilisation ;
– La fin de vie.

Ce qui donne bien du fil à retordre aux entreprises. Néanmoins cet effort ne passera pas inaperçu auprès des consommateurs. En effet, une étude réalisée par l’institut Toluna pour le compte de l’organisme Two Sides, estime que 44% des consommateurs se disent prêts à dépenser plus pour des produits emballés dans des matériaux durables et que 48% envisageraient même d’éviter une enseigne s’ils estiment que celle-ci ne fait pas assez pour réduire son utilisation d’emballages non recyclables. Ces chiffres montrent que les enseignes ont tout intérêt à revoir leurs packagings, la tendance étant à l’éco packaging. Chaque marque réfléchit donc à sa manière à faire en sorte que ses emballages soient considérés comme tels. L’objectif étant de réduire son empreinte écologique. Comme le suggère l’article du Mag Industrie Creative, les marques tentent de prendre des initiatives qui s’ancrent dans un ou plusieurs des 3R : réduire, recycler et réutiliser, afin de tendre vers le zéro déchet.

Réduire implique retirer certains emballages. En effet, Benoît Heilbrunn dans son livre Le packaging montre qu’un produit est enrobé de 3 types d’emballages :

Primaire : en contact direct avec le produit

Secondaire : sur-emballage ayant pour fonction soit de « rassembler plusieurs unités de consommation (…) soit de valoriser l’emballage primaire »

Tertiaire : qui a un rôle pratique et se charge du transport de la marchandise tout au long de la chaîne production-vente.

Réduire son emballage implique de retirer un des 3, ce qui laisse moins de surface pour pouvoir communiquer, rendant le message plus clair et concis. En ce sens, McDonald’s a revu le packaging de ses gobelets qui sont à présent sans paille ni plastique et faits avec de la fibre naturelle de papier.

Recycler, comme le dit l’article du Mag Industries Créatives, signifie soit que le packaging est recyclable soit qu’il a été fabriqué à partir de matériaux recyclés. Coca-cola a développé un projet nommé Mares Circulares en Espagne et Portugal pour produire des bouteilles composées de 25% de déchets plastiques collectés en Méditerranée. Un projet très prometteur qui pourrait s’internationaliser.

Réutiliser, faire du packaging un objet durable. La moutarde maille a déjà intégré cette dimension depuis longtemps. Ses pots de moutarde sont souvent réutilisés en guise de verre.

Quelle que soit la stratégie adoptée par la marque, cette première modification est visible et perçue comme une véritable action en faveur de l’environnement par les consommateurs.
De la même manière, de nouveaux matériaux ont vu le jour pour poursuivre le mouvement du plastic bashing : à base d’alimentation comme le maïs, la pomme de terre, la canne à sucre, la pulpe de cellulose… Les marques font preuve d’innovation pour répondre aux attentes des consommateurs. Pour l’occasion, Fleury Michon a par exemple sorti une gamme de barquettes de plats cuisinés en bois mais toujours avec un film plastique sur le dessus pour assurer une meilleure conservation des produits. Cette action est certes bien vue des consommateurs mais cela représente un coût pour la marque. En France, il n’y a pas de filière de recyclage du bois, ce qui contraint le groupe à payer plus de charges. De quoi décourager certaines marques dans leurs démarches environnementales.

Finalement, le message sur les packagings doit être plus clair et concis, ce qui s’accompagne souvent de nouveaux éléments graphiques pour communiquer simplement et efficacement sur ces engagements. Nous allons voir quels sont ces signes et leur efficacité.

De nouveaux éléments à prendre en compte

L’éco-score

Après le nutri-score, nous avons l’éco-score. A l’inverse du nutri-score, c’est une initiative privée. Elle regroupe 10 acteurs du numérique, de la distribution et de la restauration : Yuka, Etiquettable, Open Food Fact, Scan’Up, Frigo Magic, La Fourche, FoodCheri, Marmiton, Seazon et ECO2initiative. Elle a pour objectif de calculer l’impact écologique des produits pour permettre aux consommateurs d’en avoir connaissance en un coup d’œil. Pour le calculer, le cycle de vie des produits est pris en compte puis des indicateurs complémentaires viennent baisser ou augmenter la note tels que le système de production, la provenance des ingrédients, la politique environnementale des pays producteurs, la recyclabilité du produit, et la biodiversité des espèces menacées. Cela a été imaginé pour sensibiliser les consommateurs et communiquer en toute transparence avec eux. Elle répond au besoin d’être informé des consommateurs.

Contrairement au nutri-score, l’affichage de ce score n’est pas directement affiché sur les packagings mais sur les plateformes digitales telles que Open Foods Facts Scanup et La Fourche. Cette démarche permet d’envisager l’outil digital comme une forme de substitution au packaging et qui plus est, plus écologique.
Cependant ce score est contesté. Comme le souligne Agathe Ginoux, responsable des affaires publiques et juridiques pour CWI France ce système de bonus-malus revient à « mettre en concurrence des enjeux environnementaux aussi importants les uns que les autres ». De plus, sa fiabilité est mise en doute du fait qu’elle n’ait pas été expérimentée ni même instituée par les pouvoirs publics. Ce score doit donc être encore mis à l’épreuve pour être certain de sa viabilité et fonctionnalité.

Le marketing du « sans » ou du « zéro »

La dégradation de l’environnement étant au cœur des préoccupations, les marques veulent rassurer sur leur production en utilisant un nouvel outil marketing : le « sans » ou le « zéro ». Les packagings sont truffés de mentions sans OGM, sans nitrite, sans pesticide, zéro résidu de pesticide… Pour afficher clairement leur engagement. Cette stratégie consiste à communiquer sur ce que le produit ne contient pas pour déculpabiliser et en faire un argument de vente. Cette tendance oblige les marques à faire en sorte que leurs produits soient le plus “clean” possible. Ces mentions sont quasiment devenues des norme. Beaucoup de marques les utilisent à tel point que certaines s’en servent comme une opportunité plus que comme un réel souci du bien-être de l’environnement ou des consommateurs. Ces indications sont souvent alliées au Bio. Mais aujourd’hui, les consommateurs n’ont plus confiance en cette mention Bio sur les packagings. Finalement l’impact de ces mentions sur les packagings est relatif. Tout dépend si le consommateur a eu accès à l’information antérieurement. En effet, si c’est trop technique, le consommateur ne va pas comprendre et ne va pas trouver d’intérêt à consommer un produit avec une mention « sans » ou « zéro ». Or si le consommateur sait pourquoi les pesticides sont mauvais, il va cesser de les consommer. Les marques emploient un discours positif pour rassurer le consommateur. Reprenons le cas de Nutella et de l’huile de palme. Avant que cela n’éclate, les individus ne connaissaient pas les conditions de production de cette huile et ses lourdes conséquences sur la déforestation. Cependant dès lors qu’ils ont été informés, un appel à boycotter a été lancé. Les mentions fonctionnent si les consommateurs sont informés en amont.

Le Bio : une définition en mouvance

Le « Bio » est utilisé à tout va sur les packagings à tel point que certaines marques perdent de leur crédibilité auprès des consommateurs qui soupçonnent celles-ci d’utiliser ce terme dans l’unique but de vendre leurs produits plus chers que d’origine.

« Je trouve qu’ils mettent beaucoup de choses bio et je ne suis pas sûre à 100% que tout soit réellement bio. »

Karine, cadre de 51 ans

Et elle n’est pas la seule car l’Agence Bio a relevé dans une étude avec Spirit Insight que 48% des Français pensent également comme elle.

Il en va de même pour les labels et certifications Bio. Il y a des labels certifiés par l’état, d’autres privés et d’autres encore créés de toutes pièces par les marques sans contrôle fiable d’un organisme indépendant. La confiance se perd donc de plus belle. Les consommateurs ne savent plus faire la différence entre les vrais et les faux labels. Ils émergent dans tous les sens mais l’information ne suit pas. Cette vague informative a tué les labels et rendu inutile la présence de certains sur les packagings. Les consommateurs n’y comprennent plus rien, n’y croient plus et en arrivent à un stade de remise en question de la fiabilité de ces indications. Les premiers labels comme celui de l’agriculture biologique ont eu le temps de s’ancrer dans les mémoires des Français et de cultiver leur confiance, mais tous ceux qui ont suivi n’ont pas permis aux Français de les associer à une définition particulière. L’infographie d’Agence Bio sur les Français et le bio en 2020 indique que 98% des Français connaissent la marque AB et 68% le logo Bio européen. L’enjeu serait donc de restructurer et de mieux réglementer les labels pour leur redonner du sens et regagner la confiance des consommateurs. Ce travail est d’autant plus nécessaire qu’il y a un réel besoin de la part des consommateurs d’être informés. En effet, ils souhaitent avoir davantage d’informations sur les produits : 61% aimeraient en savoir plus sur le contrôle des produits biologiques, 60% sur la réglementation en agriculture biologique, 52% sur l’impact environnemental de l’agriculture biologique (auquel l’éco-score peut potentiellement répondre), 50% sur la santé de l’agriculture biologique et 45% sur l’origine des produits biologiques. Proposer des visuels simples et informatifs oui, mais à condition de mettre un peu d’ordre dans toute cette cacophonie de logos.

Les consommateurs voient donc un vrai et un faux Bio. Ils redéfinissent eux-mêmes le vrai Bio. Ce ne sont plus seulement les mentions sans pesticide… C’est aussi la transparence totale des produits, notamment en ce qui concerne les produits frais. C’est pourquoi il y a un retour au local et à la proximité. C’est ce lien humain et de confiance entre producteurs et consommateurs. Ce qu’il est difficile de retrouver en grande surface. D’après Agence Bio, la covid a accéléré le changement des comportements alimentaires : une augmentation de 6 points de la consommation des produits issus de circuits courts et locaux en 2020 tandis qu’en grande surface l’achat de produits bio a chuté de 3 points par rapport à 2019.
Le packaging qui entoure le Bio est aussi remis en question. Le Bio est associé à une démarche écologique et pourtant , en contradiction avec celle-ci, les produits sont encore enrobés d’emballages, ce qui alimente les interrogations des consommateurs.
A l’inverse certaines enseignes parviennent à faire marcher cette mention Bio. Monoprix par exemple a distribué des baguettes bio au même prix qu’une baguette normale ce qui lève tous les doutes et instaure un sentiment de confiance.
Même si l’image du Bio s’essouffle en grande surface, il continue d’inspirer majoritairement confiance. En 2020, d’après Agence Bio, 9 français sur 10 déclarent avoir consommé des produits bio.

Finalement, le packaging est nécessaire pour véhiculer des messages, faire le lien avec le consommateur, faire du storytelling et montrer ses engagements. Pourtant il semblerait qu’à l’avenir le packaging soit voué à disparaitre.

L’avenir du packaging

Dans une société individualiste, les consommateurs ont de plus en plus besoin d’avoir une communication personnalisée même dans l’alimentation. C’est pourquoi les marques comme Coca-cola ou Nutella ont employé la stratégie des prénoms sur leur packaging. Le digital a participé à entretenir cette relation exclusive entre une marque et son consommateur. C’est un support de communication où il est plus simple de créer des messages sur-mesure. Des marques alimentaires vont même plus loin dans la personnalisation des produits : Shanty biscuit propose d’écrire soi-même les messages sur les gâteaux ce qui favorise leur vente. Les consommateurs apprécient que les produits soient personnalisés.

A l’inverse, le vrac connait un essor considérable. C’est une sorte de retour aux sources, c’est comme aller au marché avec son panier. Les consommateurs étaient habitués à consommer les produits frais en vrac tels que les fruits et légumes, puis, plus récemment certains produits secs comme les céréales, les biscuits… Et jusque-là ces produits en vrac proposés en GMS (grande et moyenne surface) étaient avant tout vendus par des marques spécialisées comme Juste Bio ou encore Jardin Bio. A présent, des marques ayant une certaine notoriété se lancent sur ce format de vente des tubes en plastique. C’est le cas de Nestlé avec sa marque fille Nescafé. En Suisse, le groupe a ouvert ses propres supermarchés « Nestlé Shop » qui proposent essentiellement des produits Nestlé-centrés, et a disposé son produit Nescafé en vrac à l’occasion. Un autre exemple est celui de Barilla qui malgré tout a mobilisé des panneaux promotionnels aux couleurs de la marque pour mettre en avant cette action marketing. Car finalement, une pâte Barilla à côté d’une pâte Lustucru n’est pas différenciable à l’œil nu. C’est l’univers dans lequel une marque nous plonge qui les différencie. Cet essor du vrac amène à s’interroger sur sa viabilité à long terme.

Il est certain que le vrac connait un engouement de la part des consommateurs qui sont lassés par cette course effrénée entre les marques pour devenir leader de marché. Un article extrait du Web Grande conso indique que 4 foyers sur 10 sont déjà acheteurs de produits en vrac et que 1 sur 10 en achète une fois par mois. Mais est-il possible d’imaginer un monde sans marque alimentaire ? Avec le confinement, les consommateurs se sont très largement tournés vers le homemade et vers une économie collaborative comme des potagers collectifs. Il y a un désintéressement de l’univers des marques de plus en plus probant et les consommateurs semblent raisonner de plus en plus en critères d’achat. Les plateformes de comparaison telles que Yuka évoluent aussi dans ce sens-là : elles donnent un critère d’achat supplémentaire dans le choix des consommateurs. Ajoutons à cela le besoin de transparence des individus : quoi de mieux que du vrac ? Mais à bien y réfléchir, les marques restent des gages de confiance et de qualité des produits. Les consommateurs choisissent les produits d’une certaine marque parce qu’ils sont certains qu’elle tiendra ses engagements et qu’elle proposera des produits de qualité. Cependant, l’essor fulgurant du vrac n’est pas à prendre à la légère. Il pourrait continuer de s’étendre sous forme de tube (supports de présentation des produits en vrac). Le problème que les marques rencontreront, sera la réduction drastique de la surface pour communiquer sur la composition des produits et sur leur univers.


« L’emballage perd son sens avec la tendance. Comment communiquer sur son produit si on vend du vrac ? Le vrac pose un problème d’information : quel type de produit est mis en vrac ? On n’en sait rien. On n’a aucune preuve. Ce qui créé indirectement de l’information mensongère… Un saucisson peut être fabriqué en Auvergne mais le produit peut être polonais. Tout cela rend le travail de la marque plus complexe. »

R.Sansaloni, Chargé d’études

Les Français ont pris goût aux produits en vrac, ce qui rend le travail des marques plus compliqué pour communiquer, adapter ses messages en fonction des cibles, proposer des packagings attrayants… Le vrac suggère que les consommateurs concentreront davantage leur attention sur les produits eux-mêmes que sur la marque. Travail encore plus compliqué car les consommateurs sont demandeurs de produits personnalisés. Comment personnaliser tout en vendant en vrac ? L’outil digital via les QR code pourrait être une solution à ces problèmes. Il permettrait d’accéder à plus d’information que celle présente sur les tubes. La marque devra peut-être aussi revoir la relation qu’elle entretient avec ses clients pour les fidéliser autrement, ou bien améliorer ses produits pour qu’ils se distinguent et qu’elle puisse se passer définitivement de packagings. Les possibilités sont immenses et les incertitudes également. Mais ce sont des solutions que nous pourrions imaginer sur le long terme et sur lesquelles les marques vont être amenées à réfléchir pour se différencier autrement sans forcément utiliser de packaging.

Laureen Deneuve – MKP

Ressources

Articles

La rédaction LCI, « Le Nutella de Ferrero pas si mauvais élève que ça, selon WWF », LCI, 20 janvier 2020
https://www.lci.fr/planete/huile-de-palme-responsable-le-nutella-de-ferrero-pas-si-mauvais-eleve-que-ca-selon-le-wwf-2143253.html

Clément Fages, « Comment Danone innove grâce au social Listening ? », emarketing.fr, 27 juin 2019
https://www.e-marketing.fr/Thematique/etudes-1092/Breves/Comment-Danone-innove-grace-social-listening-340772.htm

Céline Collot, « Packaging durable : les marques concrétisent ! », Industries Créatives Le Mag, 1 juillet 2020
https://lemag-ic.fr/dossiers/packaging-durable-marques-concretisent/

Stefano Lupieri, « Le marketing du « sans » en plein boum », LesEchos, 28 mai 2014
https://www.lesechos.fr/2014/05/le-marketing-du-sans-en-plein-boum-303708

Coraline Fevrier, « Eco-score : le nouveau logo pour mesurer l’impact environnemental des produits », Marketing-pgc, 11 janvier 2021
https://www.marketing-pgc.com/2021/01/11/eco-score-le-nouveau-logo-pour-mesurer-limpact-environnemental-des-produits/

Sites

Fournisseur emballage, « Écoconception des emballages : le guide pratique ! », Monpackaging.com, 1 avril 2020
https://www.monpackaging.com/blog/ecoconception-emballages-guide-pratique/

Fournisseur emballage, « Quel lien entre packaging et comportement du consommateur ? », Monpackaging.com, 11 novembre 2020
https://www.monpackaging.com/blog/quel-lien-entre-packaging-et-comportement-du-consommateur/#Linfluence_par_la_communication

Mélanie Rausher et Julien Ferré, « Les marques vont-elles disparaître et s’effacer de l’espace public ? », Usbek&Rica, 30 septembre 2019
https://usbeketrica.com/fr/article/les-marques-vont-elles-disparaitre-et-s-effacer-de-l-espace-public

Études

Agence Bio, Les Français et le Bio, Editions 2021
Infographie : Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France, réalisé par Agence Bio et Spirit Insight
http://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/

Interviews

Enquête qualitative : entretiens individuels réalisés auprès de 10 individus de milieux et d’âges différents

Interview Rémy Sansaloni, chargé d’études

Conférence

Replay SIAL 2018, « Emotions et alimentation : le sensoriel au cœur du marketing », intervenantes Pascale Hebel, CREDOC, Laurence Bethines, Marine Perez, TEAM CREATIF

Ouvrage

Benoît Heilbrunn et Bertrand Barré, Le packaging, Editions PUF, 2012