Depuis début 2020, la France et le monde entier vivent leur plus grave crise sanitaire connue depuis plusieurs siècles. Beaucoup de secteurs d’activités ont été confrontés à ce virus et à cette crise. Celui de l’événementiel a été touché dans les premiers et sera un des derniers à s’en remettre, non sans pertes. Aujourd’hui se pose la question de réinventer ce métier afin de s’adapter à cette situation exceptionnelle ainsi qu’aux potentiels changements des habitudes des consommateurs après cette crise.

Contexte – Covid-19

Le Covid-19 est apparu en Chine, plus précisément dans la ville de Wuhan fin 2019. C’est une maladie causée par le SARS-CoV-2. Il rentre alors dans la catégorie de Coronavirus puisqu’il est très proche du SARS-CoV sur le plan virologique. Aujourd’hui devenue une pandémie mondiale, le Covid-19 a causé plus de 200 000 morts (à ce jour : 28 avril 2020) et a mis à l’arrêt une grande partie des pays de la planète, notamment les plus grandes puissances mondiales.

Si la Chine a été le premier pays à fermer ses portes et à confiner ses habitants le 28 janvier 2020, quelques semaines après, d’autres pays du globe ont commencé à fermer les uns après les autres.

Après le premier mort de ce nouveau Coronavirus, le 11 janvier 2020 en Chine, le ministère de la santé français alerte les Agences Régionales de Santé (ARS) ainsi que les professionnels de la santé sur la situation sanitaire. C’est le 24 janvier 2020 que les premiers cas sont recensés en France, ce sont aussi les premiers cas au niveau européen. Le 30 janvier 2020, L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclare « une urgence de santé de portée internationale ». Le 14 janvier 2020, le premier mort du Covid-19 hors Asie est déclaré en France. Suite à cela le nombre de cas ne va cesser d’augmenter, jusqu’à passer du stade d’épidémie à celui de pandémie.

Le graphique ci-dessous permet d’analyser l’accroissement du nombre de cas recensés en France entre fin février et fin mars 2020. On y voit que la propagation s’est accélérée en peu de temps.

Source : Statista

Si le confinement a été décrété le 16 mars 2020 en France, depuis cette date c’est aussi l’activité économique du pays qui marche au ralenti. Les entreprises ont été contraintes de modifier leurs habitudes de travail en mettant leurs employés en télétravail, quand cela est possible, ou en chômage partiel. Un bouleversement professionnel jamais connu auparavant depuis la Seconde Guerre mondiale. L’économie du pays connait alors une crise sanitaire et économique sans précédent, où il faudra plusieurs années pour s’en remettre.

Source : Statista

Le graphique ci-dessus permet d’analyser les prévisions faites par l’État français sur l’évolution du PIB (Le Produit Intérieur Brut est un indicateur économique qui permet de mesurer la production de richesse d’un pays) en France en 2020 et 2021 avec les révisions de celles-ci dues à la crise du Coronavirus. Alors qu’il était attendu une croissance de 0,9 % du PIB en France pour l’année 2020, l’épidémie du COVID-19 semble présager une baisse de ce dernier de 0,3 %, ce qui risque de plonger le pays dans une récession. Une récession désigne le fait que la croissance du PIB est négative pendant au minimum deux trimestres consécutifs. La dernière phase de récession connue en France était en 2009, suite à la crise économique de 2008. On y voit aussi, qu’à l’heure actuelle, l’année 2021 sera consacrée à la reprise économique, avec une croissance prévue après Covid-19 de 0,2% contre 1,4% initialement. Cela prouve que la situation économique du pays restera compliquée pendant quelques années et se relèvera petit à petit.

C’est l’ensemble de l’économie française qui est touchée par cette chute de croissance économique. L’objectif de beaucoup d’entreprises en ce moment est la survie de leurs activités. Malheureusement, certains secteurs d’activités tels que le tourisme, la restauration ou l’événementiel sont plus impactés que d’autres. Il leur faudra redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour réussir à passer cette crise sans trop de dégâts. Certains pensent à réinventer leur métier en trouvant des alternatives afin de pouvoir exercer leur profession pendant cette crise. Lorsque l’on parle de crise, on ne parle pas seulement de la période de confinement. En effet, si un grand nombre d’entreprises ont pu continuer à travailler, différemment, ou réouvriront leurs portes après le confinement, beaucoup ne pourront pas reprendre leur activité avant plusieurs mois.

Les entreprises de l’événementiel face à cette crise

La situation sanitaire s’est dégradée assez rapidement, et si pour beaucoup d’entreprises, les difficultés ont commencé à se présenter avec le début du confinement, celles de l’événementiel les ont affrontées bien avant.

En effet, depuis fin février, une inquiétude de la part des clients commence à se faire ressentir. Celle-ci se traduit par des demandes de reports voire d’annulations de manifestations, ainsi que des questionnements sur leurs conditions.

Si les grands groupes tentent de rassurer leurs salariés en ce début de crise, les plus petites entreprises comprennent que les semaines à venir s’annoncent compliquées. Pour toutes, c’est le début d’une crise économique et sociale sans précédent. Plus les jours passent et plus il faut faire face à de nouveaux rebondissements. Les sociétés de ce secteur font partie des premières à avoir entamé les demandes de chômage partiel. Pour beaucoup, dès le début du mois de mars, toutes leurs manifestations sont annulées. Parmi les gros événements, on notera notamment l’annulation du salon de l’automobile de Genève, qui devait se tenir du 5 au 15 mars 2020.

Dans l’ordre chronologique, le 6 mars 2020, un décret est voté interdisant les événements et rassemblements de plus de 50 personnes dans le Bas-Rhin, département le plus touché à cette période. Le 8 mars 2020, c’est pour la France entière que les premières mesures pour les rassemblements sont prises : interdiction d’organiser des manifestations de plus de 1000 personnes. Un quota qui reste encore bien supérieur à celui qu’a subi l’Alsace quelques jours auparavant. Le durcissement s’est intensifié le 14 mars 2020 en autorisant seulement les événements de moins de 100 personnes en France avant d’interdire totalement le droit de se rassembler le 16 mars 2020, jour de l’annonce du confinement. Ces annonces, bien qu’elles soient compréhensibles, sont difficiles à entendre pour les salariés de ce secteur, qui se posent beaucoup de questions sur leur emploi et sur l’avenir de leur métier.

Aujourd’hui, même si l’interdiction de se rassembler est toujours d’actualité, nous avons la certitude que les événements de plus de 5 000 personnes seront interdits jusque début septembre au minimum, et début juin nous saurons ce qu’il en est pour les événements inférieurs à ce baromètre pour la période estivale. C’est un véritable coup dur pour la profession, pour qui les mois d’avril mai juin et juillet représentent une part considérable de leur chiffre d’affaires annuel. Ces entreprises ont également bien conscience que les mentalités et les comportements vont changer, et qu’il va falloir réadapter les événements même à l’issue de cette crise.

Aujourd’hui en chômage partiel, les entreprises pensent à la reprise et aux moyens de conserver un lien avec leurs clients et prestataires. Nul doute que le digital intervienne dans cette phase de reconstruction.

Le digital, maître mot pour organiser des événements confinés

Si le secteur semble être à l’arrêt, beaucoup d’entreprises ont su se tourner vers des technologies modernes afin de conserver les différents événements prévus durant cette période, ou tout simplement proposer des alternatives. Bien entendu, ces mesures profitent aux agences et entreprises clientes, mais les grands perdants sont les prestataires de l’événementiel tels que les sociétés de prestations techniques, les traiteurs ou les salles de spectacles par exemple.

Si on reprend les mots de Guillaume Mikowski, CEO de l’agence Brainsonic, « l’événement n’est pas mort, il a juste changé de forme et reviendra encore plus fort après le confinement ». Il fait partie de ces agences qui ont su proposer des alternatives digitales aux événements initialement prévus pendant cette période. De ce fait, sur une vingtaine d’événements, 18 ont été maintenus grâce à l’utilisation des nouvelles technologies digitales.  Mais quels sont les manifestations que l’on peut faire à distance ? Rassembler des centaines voire des milliers de personnes derrière un écran peut paraître compliqué, mais tout ceci est possible et rajoute un challenge supplémentaire que les professionnels du secteur sont en train de relever avec succès.

Tout d’abord, ces dernières semaines, les visioconférences et les outils tels que Microsoft Teams ou ZOOM sont apparus sur le devant de la scène et beaucoup d’entreprises on pris le pli de ces nouveaux types de réunions afin de garder un lien avec leurs collaborateurs.

La communication interne, qui est très importante en temps normal, l’est d’autant plus durant cette période de stress et d’inquiétude pour tous les salariés d’une entreprise. Ces outils digitaux permettent alors de garder contact entre les différents acteurs d’une société, d’une part pour les rassurer, parler des actions mises en place pour affronter la crise mais aussi continuer à travailler sur de futurs projets. Les réunions ou séminaires organisés habituellement en présentiel s’organisent désormais de façon digitale. Certaines entreprises utilisent la vidéo pour informer les salariés des actualités de leur entreprise. Des vidéos hebdomadaires par exemple, qui pourront être publiées sur les réseaux internes de l’entreprise.

Cela ne s’apparente pas à des événements grand public ou à de l’événementiel comme on se l’imagine, mais tout ceci fait partie du secteur dit « événementiel » puisqu’il s’agit d’événements en interne, qu’il faut pouvoir adapter à la situation. Pour beaucoup cela paraît simple mais pour certaines entreprises cette digitalisation des moyens de communication devient un véritable casse-tête.

De nombreuses entreprises réinventent donc leurs moyens de communiquer et de rencontrer leurs collaborateurs ou leurs clients. Si cette méthode était déjà devenue une habitude pour certaines sociétés, depuis le début du confinement, les Webinaires (séminaires réalisés en ligne via Internet) se développent à une vitesse incroyable. Ils peuvent être diffusés en direct ou en différé et les participants pourront interagir avec les personnes qui animent le séminaire. Par exemple, le 27 mars dernier, l’entreprise Kantar (« agence basée sur des données et des preuves fournissant des informations et des recommandations exploitables » à ses clients), a proposé deux sessions de webinaires sur le Covid-19 et l’évolution des implications et comportements des marques grâce à la présence de cinq intervenants.

Comment annoncer un lancement de produits ou intéresser la presse qu’un produit sortira en septembre par exemple alors que les rassemblements sont interdits ? En créant une conférence de presse digitale grâce à la réalité virtuelle et au live. Des casques de réalité virtuelle peuvent être envoyés chez les participants en amont de l’événement. Ils n’auront plus qu’à se connecter à la session live où les représentants de la marque prendront la parole. Les produits seront représentés en réalité virtuelle comme s’ils étaient réellement devant eux. On peut aussi imaginer la marque envoyer un échantillon de ce nouveau produit aux différents journalistes puis les présenter en live. L’agence Goodnight développe des dispositifs de réalité virtuelle et interactive permettant aux participants de se déplacer en live dans un espace virtuel depuis leur ordinateur. L’entreprise se sert du gaming pour intégrer les produits, les personnages et tout le contenu nécessaire au déroulement de l’événement.

Certaines entreprises décident de se lancer dans l’organisation d’événements beaucoup plus conséquents. C’est le cas par exemple d’EcoVadis (agence de notation RSE), et de son salon Sustain 2020, salon annuel dédié aux achats responsables. Plutôt que de l’annuler, l’entreprise a décidé d’en créer une version digitale grâce à la plateforme 6Connex. L’événement a eu lieu le 12 mars dernier et restera disponible en ligne pendant six mois. Cet outil leur a permis de recréer un véritable salon en virtuel. Les participants arrivent par le hall d’accueil, où ils sont accueillis par les CEO de l’entreprise, font le choix entre les différentes salles plénières, ont accès à la salle d’exposition, aux espaces lounge etc. Dans chacun des espaces, les participants pouvaient retrouver des employés de l’entreprise représentés sous forme d’avatars et pouvaient engager la conversation grâce à un chat.

Cette reproduction permet à l’entreprise de proposer une expérience se rapprochant le plus possible d’un événement physique et ainsi donner envie à un maximum de personnes d’y participer. Et le résultat y est ! Le nombre de visiteurs a doublé par rapport aux éditions précédentes, passant de 700 habituellement à 1600 aujourd’hui. De plus, cela leur a permis de toucher un public nouveau et différent venant des quatre coins du monde et plus particulièrement d’Asie et d’Amérique. Au vu du succès rencontré par cette première édition digitale, l’entreprise réfléchit à digitaliser une partie de Sustain 2021 ainsi que de programmer d’autres événements de ce type plus petits et localisés dans les mois à venir. Un pari gagné d’avance dans un futur proche où les déplacements seront encore limités.

Source : Twitter

Le monde de la culture utilise aussi le digital pour faire vivre des moments d’exception, confinés. Le but étant de permettre à tous d’avoir accès à la culture de façon différente, cela satisfera les plus grands amateurs et permettra aux personnes ayant moins accès à la culture de découvrir différentes ressources. Les exemples qui vont suivre prouvent que tous les niveaux de la culture peuvent s’inviter dans notre salon.

La grande majorité des festivals français et internationaux ont été annulés pour cet été. Une terrible nouvelle pour tous les festivaliers qui attendent chaque année ce moment avec impatience. Pour remédier à cela, les Eurockéennes de Belfort ont mis en place une Zoomparty le 28 avril 2020. Comme son nom l’indique, le but a été de recréer une soirée géante, chacun chez soi grâce à la plateforme Zoom. Le festival a tout de suite compris comment conserver le lien avec ses festivaliers alors que l’édition 2020 n’aura malheureusement pas lieu. On espère qu’ils réitéreront l’opération dans les semaines à venir. Peut-être que des surprises sont en train d’être préparées pour les 2,3 et 4 juillet prochain, dates initiales du festival pour cette année. 

Pour rester du côté de la musique, l’Orchestre d’Auvergne a décidé d’enregistrer en live de grands classiques en reprenant des morceaux de Bach, Beethoven ou encore Tchaïkovski. Ces vidéos permettent aux amateurs de musique de vivre ou revivre les émotions passées des concerts.

Les danseurs de l’Opéra de Paris ont eux aussi voulu continuer d’exercer leur métier confiné en délivrant un message fort. Un mini ballet a été recréé depuis le domicile de chacun, une vidéo permettant de rendre hommage aux personnels soignants et les soutenir, à leur manière dans ces moments difficiles.  Sur une musique de Prokofiev qui exprime la peur et l’espoir, des mots faisant écho à l’actualité, les danseurs se sont filmés en réalisant quelques petits pas de danse en mettant en scène leur vie quotidienne. Pour tous ces danseurs, le message est simple : « La vie continue ».

Du côté des musées, le digital est devenu pour beaucoup l’outil principal pour continuer de donner envie aux visiteurs de découvrir ou redécouvrir des expositions mais aussi et surtout conserver un lien avec eux. Si certains proposent de mettre en accès libre les différents contenus (catalogues, photos, flashback, etc.), d’autres osent l’exposition virtuelle. C’est le cas par exemple du FRAC Auvergne (Fonds Régional d’Art Contemporain Auvergne) et son exposition de 2017 de Gregory Crewdson, photographe américain réalisant des images de la vie quotidienne américaine en les mettant en scène et en les éclairant avec des techniques utilisées dans le cinéma. Le FRAC propose une immersion virtuelle totale afin de découvrir ces magnifiques clichés.

La grande tendance de ce confinement reste les live sur les réseaux sociaux. Entreprises, influenceurs, sportifs et bien d’autres ; tout le monde s’y met ! Les réseaux sociaux représentent un réel moyen de garder un contact permanent avec sa communauté. Ils permettent aussi pour les entreprises de continuer à communiquer et à maintenir un lien avec leurs consommateurs. Ces live sont représentés comme des mini événements puisqu’ils permettent aussi de recréer des conférences. C’est le cas par exemple de la marque Respire, marque de soins naturels d’hygiène, qui enchaine des sessions de live plusieurs fois par jour et a même créé un contenu qui lui est spécifique : les Res’pitch. Le but de cette catégorie de live est de donner la parole à cinq entrepreneurs par semaine qui vont, en live, présenter leur société, leur projet et leur parcours. Des conférences sur le thème de l’entreprenariat qui permettent de faire connaître ces différents entrepreneurs mais aussi de partager un contenu intéressant avec la communauté Respire. Les autres live de la semaine peuvent prendre la forme de cours de sport, de cuisine, interview d’une dermatologue ou d’autres professionnels. Ce sont des mini événements où chacun peut participer, depuis chez soi. C’est grâce à ces live que le mot « communication événementielle » prend tout son sens. Les entreprises communiquent en mettant en place des live, vus comme des mini événements et permettant à leur communauté de vivre une expérience unique.

Des live d’une autre dimension peuvent aussi prendre vie. C’est le cas de la Fashion Week de Shanghai qui a été organisée de manière totalement digitale du 24 au 30 mars dernier. En effet, plutôt que d’annuler cet événement incontournable du milieu de la mode, les organisateurs ont décidé de s’associer à Alibaba Group Taobao et Tmall, la plus grande plateforme de commerce B2B au monde, afin de proposer des shows en live, diffusés à l’échelle mondiale. Cette retranscription, fait de la Fashion Week de Shanghai, le premier événement de la Fashion Week mondiale à devenir complètement numérique. En tout, ce sont 150 créateurs et maisons de mode qui ont proposé des shows incroyables réunissant les plus grandes innovations technologiques. La réalité virtuelle ainsi que les réalités augmentées ont été utilisés afin de créer le meilleur réalisme possible pour faire vivre aux participants une expérience totalement immersive. La nouveauté de cette semaine de la mode, rendue possible grâce à l’utilisation du digital a été le « voir maintenant, acheter maintenant ». En effet, les spectateurs pouvaient acheter directement les pièces de la saison en cours ou précommander de nouveaux articles de la collection automne 2020 des différentes marques. Tout ceci a été rendu possible grâce à la collaboration entre les organisateurs de la Fashion Week de Shanghai avec le groupe Alibaba et sa plateforme de e-commerce Tmall. Cet événement hors du commun, qui a comptabilisé au total plus de 11 millions de vues, a permis à des millions de personnes de vivre une expérience unique et de rassembler toutes ces personnes dans un moment de partage et d’innovation en pleine crise sanitaire.

Durant ce confinement, le digital est apparu comme un vecteur de lien entre les personnes, comme l’aurait fait un événement auparavant.

Pour les entreprises qui organisent ce type d’événements et notamment pour les agences qui mènent à bien le projet, l’organisation reste la même. Il faut travailler la conception et la production en amont (Save the date, invitations, relances, choix des plateformes etc), préparer les contenus à diffuser et gérer toute la partie communication.  Désormais, la valeur ajoutée, est l’importance de promouvoir le replay de ces événements afin de les rendre disponibles pour le plus grand nombre. Contrairement à des événements physiques, l’un des avantages de ces manifestations virtuelles est qu’elles peuvent être vues et revues après la date clé. Une aubaine pour ceux n’ayant pas pu participer au direct.

Atouts et limites de cette digitalisation complète

A première vue, ces événements virtuels représentent la clé « miracle » pour continuer à créer du lien et interagir avec une communauté. Or, comme dans tout nouvel outil, ce dernier a à la fois des avantages et des inconvénients, ou plutôt des limites face auxquelles il faut rester vigilant.

Les atouts

Le principal avantage de cette digitalisation événementielle est que l’événement devient un média à part entière. En effet durant cette crise, ces webinaires, webconférences ou ces salons virtuels constituent un rôle majeur pour la communication des entreprises et des marques. Toutes les informations dont le consommateur a besoin seront diffusées durant ces live. Par exemple, l’agence Brainsonic a créé un événement 100% digital pour AXA en imaginant un format interactif et en direct où sont intervenus des experts AXA ainsi que la journaliste Nathalie Guichard pour parler de la thématique « Comment faire face aux conséquences du coronavirus ». Cette conférence devient alors un média à part entière pour AXA qui offre la possibilité à ses clients ou non clients de poser les questions sur cette thématique et d’avoir toutes les réponses en direct et en replay par la suite. Ces événements servent à informer et divertir, mais dans le contexte actuel, le mot « informer » prend toute sa place.

Précédemment, il a été évoqué que les replays constituaient un des points importants de ces événements virtuels. Effectivement, si d’habitude un événement est limité dans le temps, le digital permet d’éliminer toutes ces limites temporelles puisqu’il peut être vu autant de fois que possible dans un laps de temps illimité. Cela permet d’augmenter l’audience d’un événement et de le rendre plus attractif. Beaucoup plus de personnes seront touchées et impactées, une aubaine pour les marques qui augmentent leur notoriété grâce aux personnes qui les suivent.

Enfin, l’impact positif le plus important de ces événements virtuels est le lien qu’ils permettent de conserver entre tous. En effet, en cette période compliquée, où la distanciation sociale est au cœur de notre quotidien, il est important de se sentir entouré et de créer du lien, même si ce dernier n’est que virtuel. Les événements sont rassembleurs, ils permettent de s’évader du quotidien durant quelques instants et permettre à ses participants de vivre une expérience unique. L’ensemble de ces live contribuent à conserver ces aspects de l’événementiel. Dans un moment comme aujourd’hui, il est plus important que jamais de permettre aux personnes de s’échapper du quotidien et de partager de bons moments.

Il est aussi primordial pour une marque de conserver un lien avec ses consommateurs. Ces événements virtuels sont des moyens de leurs montrer que la marque ne les oublie pas et qu’elle reviendra encore plus forte après cette crise.

Les limites

Comme dans toute utilisation d’outils digitaux, la principale source d’inquiétude se retrouve au niveau des bugs que ces derniers peuvent causer. En effet, avec la technologie, personne n’est jamais à l’abri d’une mauvaise connexion internet ou d’un problème informatique. Même si le problème ne vient pas nécessairement de l’organisateur, un contenu qui ne fonctionne pas correctement renvoie une mauvaise image de l’événement. Même si personne ne peut anticiper un problème technique, le rôle de l’organisateur est donc de s’assurer de toutes les connexions et accès avant de lancer la diffusion de sa manifestation virtuelle.

Enfin, si les événements virtuels permettent de rassembler un grand nombre de personnes, souvent supérieur à l’organisation d’un événement physique, une nouvelle problématique se pose. Il est primordial de capter l’attention du participant ! Si c’est déjà un point fondamental lors de l’organisation d’événements « classiques », ça l’est encore plus lors de l’organisation de ces événements digitaux. En effet, dans une manifestation traditionnelle, si une conférence n’intéresse pas un participant, il y a très peu de chance pour que ce dernier quitte l’événement pour cette raison. Il restera soit dans la salle de conférence, soit dans les espaces de « détente » en attendant la suite des animations. Or, lorsqu’une personne assiste à un événement depuis chez elle, il est beaucoup plus difficile de la retenir si le contenu ne lui convient pas. Fermer la page et passer à autre chose est tellement simple depuis son ordinateur, que le risque que le participant ne se reconnecte pas à l’événement est d’autant plus grand. Chez soi on est aussi plus facilement interrompu par autre chose, il faut donc que les interactions en ligne soient captivantes pour ne pas perdre certaines personnes en cours. Plus que jamais, l’organisation de ces manifestations virtuelles demande un travail éditorial en profondeur en amont, avec des contenus retenant l’attention et un timing parfaitement millimétré.

Dans le contexte que nous vivons actuellement, l’organisation d’événements virtuels est le seul moyen de maintenir du lien et de continuer à faire vivre le secteur de l’événementiel. Les organisateurs doivent rester vigilants et proposer des contenus encore plus aboutis afin de captiver les participants.

L’avenir pour les entreprises de l’événementiel

Si aujourd’hui les événements digitaux font l’unanimité des organisateurs et des participants, qu’en sera-t-il lorsque la reprise sera amorcée ? Les événements traditionnels vont-ils reprendre comme avant ou la digitalisation de ces derniers mois va perdurer et devenir un réflexe événementiel ?

Tout d’abord, il est important de comprendre que malgré la fin du confinement et la perspective de futures améliorations sanitaires, le monde de l’événementiel sera à jamais marqué par cette crise. Pour le moment, les rassemblements ne doivent pas dépasser 10 personnes et jusqu’à minimum début septembre, ils ne pourront pas excéder les 5 000 personnes. A entendre beaucoup de professionnels, tant qu’un vaccin ne sera pas trouvé, il ne sera pas raisonnable de réunir un trop grand nombre de personnes en un même endroit.

Beaucoup se demandent si les français ne vont pas se rattacher à l’essentiel après cette crise, et s’ils ne vont pas revoir leurs modes de vie et de consommation. Les événements resteront-ils toujours une priorité pour eux ? Malgré des hypothèses sur le sujet, le comportement des personnes ne pourra se décrypter qu’au fur et à mesure des mois à venir. Une chose est sûre, le monde de l’événementiel va mettre plusieurs mois voire plusieurs années à se relever de cette crise douloureuse.

Pour beaucoup de professionnels, après cette période, les événements vont revenir encore plus forts, notamment grâce au digital. Ils seront plus immersifs, et tout ce qui a été développé pendant le confinement perdurera dans le temps, avec bien entendu des adaptations sur les événements physiques.

Il est certain qu’un grand nombre d’entreprises vont conserver cette idée de webconférence, qui permet de limiter les transports de chacun et ainsi de toucher un plus grand nombre de personnes. Beaucoup de personnes du secteur vont conserver les outils digitaux mis en place aujourd’hui comme moyen de communication supplémentaire. Lorsque l’on voit l’impact et l’intérêt pour les live, on se doute que ces derniers vont continuer à être organisés même après le confinement. Pour une entreprise, mettre en place ce type de contenu permet de rester proche de ses clients, de maintenir un lien à tout moment mais aussi et surtout de les informer en temps réel.

En ce qui concerne les salons ou événements internationaux digitaux, comme nous avons pu le voir avec la Fashion Week de Shanghai ou le salon Sustain, ces derniers ont prouvé que le digital permet de toucher un plus grand nombre de spectateurs. Il est donc certain que les organisateurs de ce type d’événement vont réfléchir à un accompagnement virtuel de leurs prochains événements physiques.

Lors d’une interview accordée au magazine « L’Événement », Vincent Dumont, Vice-président de cette même association (« Association des entreprises de création et de production événementielle »), a précisé que les entreprises de ce secteur n’auront pas d’autre choix que de réinventer le concept même de leurs événements. Il faudra trouver un bon mélange entre la rencontre physique et virtuelle, ce qu’on appelle le Phygital. Plus communément utilisé dans le domaine du marketing, le phygital désigne la rencontre entre les techniques marketing du commerce digital avec les techniques marketing du commerce physique. Avec cette crise, le phygital pourrait faire son apparition dans le secteur de l’événementiel plus rapidement que prévu. Le but est de créer un lien à la fois physique et digital pour un même événement. Prenons un exemple marketing. Une boutique peut utiliser le phygital en promouvant une offre sur le web (un jeu concours par exemple) et le gagnant remportera un bon d’achat en magasin. Nous pourrons analyser, d’ici les mois à venir, comment les entreprises événementielles vont adapter ce type de technique à leur secteur. Il faut être prêt à parier qu’elles relèveront le défi avec succès !

Enfin, même si ces innovations digitales vont perdurer dans le temps et que cette crise va changer les organisations d’événements, elle prouve aussi que les interactions sociales sont primordiales dans le quotidien de chacun d’entre nous. Que ce soit des événements privés pour partager des moments uniques avec les gens que nous aimons ou des événements professionnels permettant de faire des rencontres fructueuses et inoubliables, l’événementiel reste un secteur qui permet de s’échapper du quotidien et d’instaurer des relations de confiance entre une entreprise et ses consommateurs.

Depuis le début du confinement, ce qui manque le plus aux français est l’interaction sociale, surtout avec les personnes qui leur sont chères. Parler, échanger et partager de bons moments sont des besoins essentiels auxquels l’événementiel répond parfaitement. Le secteur n’est pas mort, il a juste besoin de se réinventer pour faire face à ces moments difficiles, mais il en ressortira encore plus fort.

ZOOM : l’entreprise Régie Tech face à la crise du Coronavirus

Installations techniques, entreprise Régie Tech.
Photographes : Karine Delpuech & Jean-Pierre Bresson

Régie Tech est une entreprise de prestations techniques du spectacle vivant installée à Exincourt en Bourgogne-Franche-Comté. Acteur majeur du Pays de Montbéliard, l’entreprise est présente sur les plus grandes manifestations du secteur, mais aussi au niveau national, et gère également deux salles de spectacle. De la sonorisation à l’éclairage en passant par de la décoration événementielle à la création d’espaces ou à de l’animation, Régie Tech propose des services complets et clé en mains pour ses clients.

Aujourd’hui, avec plus de 18 ans d’expérience et 9 collaborateurs, l’entreprise est touchée de plein fouet par la crise du Covid-19. J’ai eu le privilège d’échanger avec Karine Delpuech, directrice de la société pour parler de son ressenti face à cette situation exceptionnelle.

Travaillant principalement dans la Nord Est de la France, Régie Tech a senti dès la fin du mois de février les effets de cette crise sanitaire. En effet, les plus grandes comme les plus petites manifestations ont commencé à être annulées dans tout le Grand Est, zone d’intervention principale de la société. De plus, Karine Delpuech nous a fait part de la prudence de la part des organisateurs d’événements sur la rentrée de septembre, craignant l’apparition d’une seconde vague. Ces organisateurs privilégient donc des reports sur 2021 plutôt que sur la fin d’année 2020. Par exemple, à cette période de l’année, l’entreprise commence à travailler sur les arbres de Noël des entreprises. Aujourd’hui aucune entreprise ne se préoccupe de cette fin d’année. Ces dernières ont pour priorité la sauvegarde de leurs emplois et de se relever économiquement avant de penser à organiser un événement. Ce que comprend totalement la société, qui doit elle-même faire face à ce type de préoccupation en ce moment.

Précédemment, il a été évoqué que certaines entreprises se tournaient vers l’organisation d’événements virtuels afin de conserver une partie de leur activité. Or, si cela est possible pour les agences d’organisation d’événements, cela ne l’est pas pour les prestataires techniques tels que la société Régie Tech. En effet, l’installation de matériel technique est le cœur de métier de la société et les prestations techniques représentent 80% de leur activité. Le digital ne permet donc pas de conserver cette activité qui nécessite l’organisation d’événements physiques. Par exemple, Régie Tech travaille beaucoup avec le parc des expositions de Mulhouse pour l’organisation de ses foires et salons, au niveau de l’installation technique et de la conception de stand. Avec la fermeture du lieu, Régie Tech perd la totalité de ces interventions et ne peut pas y remédier ou trouver une alternative.

Entre l’annulation de ces gros événements, des festivals, concerts, qui sont les événements principaux où interviennent les prestataires techniques, l’année 2020 sera une année catastrophique pour toutes ces entreprises. Aujourd’hui, les employés de la société régie Tech sont au chômage technique mais ne baissent pas les bras et ont hâte de reprendre leur activité tout en préservant la santé de tous.

Pour Karine Delpuech et ses collègues, il est compliqué de penser à l’événementiel de demain car les relations sociales sont au cœur de leur métier. Or, les relations sociales sont aussi l’ennemi premier du Coronavirus. Malgré la complexité pour les salariés de Régie Tech de se plonger dans cet avenir incertain, ils réfléchissent à mettre en place différents concepts pouvant pallier l’interdiction d’organiser des événements « comme avant ».  Pour le moment, l’équipe a comme idée de proposer aux collectivités d’organiser des ciné drive. Le ciné drive est un concept bien connu aux États-Unis qui redevient à la mode en Europe depuis quelques jours afin de proposer des événements tout en respectant les mesures de distanciation sociale. Le but est de diffuser un film sur un écran géant. Les personnes pourront assister à la séance depuis leur voiture, le son passant par leur autoradio. Le but de ces événements est de proposer un concept original aux habitants du pays de Montbéliard et de les sortir de leur quotidien grâce à un moment de détente.

Pour Régie Tech, cela leur permet de placer leur matériel technique et de commencer à redynamiser leur activité. C’est une entreprise qui a à cœur de proposer des expériences pouvant plaire au plus grand nombre et permettant de dynamiser leur région. Ce ciné drive permettrait de maintenir un lien entre une collectivité et ses habitants tout en permettant à certaines entreprises locales de travailler. En effet, si la société Régie Tech peut placer son matériel sur cette manifestation, des food trucks seront aussi présent pour proposer de la nourriture ou des boissons aux participants, tout en respectant les distances sociales, en permettant au client de commander par SMS afin qu’il se fasse livrer directement à sa voiture.

Karine Delpuech et toute son équipe réfléchissent à la mise en place de manifestations de ce type afin de pérenniser leur secteur d’activité mais aussi pour faire ce qui est leur vocation : divertir !

L’événementiel est un des secteurs les plus touchés par cette crise sanitaire du Coronavirus, mais la créativité et l’innovation sont au cœur du métier et les entreprises événementielles ont su le démontrer une nouvelle fois ces dernières semaines.

Le digital était déjà un outil indispensable à ce secteur et nous avons pu analyser qu’il l’est encore plus aujourd’hui. Sans ces outils digitaux, il aurait été impossible de maintenir autant de lien social comme il a été possible de le faire en cette période de confinement. Bien qu’il ne soit pas possible pour toutes les entreprises de ce secteur de mettre en place des événements virtuels afin de pérenniser leurs activités, toutes sont motivées à trouver de nouvelles idées et à se réinventer pour faire face aux différents changements à venir.

L’avenir reste pour le moment incertain pour le secteur de l’événementiel mais il est sûr que les innovations digitales mises en oeuvre par les entreprises ces dernières semaines perdureront afin de rendre les événements encore plus innovants et de proposer une expérience clients encore plus incroyable.

Le secteur de l’événementiel aura été le premier impacté par cette crise et sera le dernier à repartir. Nous savons d’ores et déjà que la remontée sera longue et compliquée pour un grand nombre de ces sociétés, mais il est certain qu’elles relèveront ce nouveau challenge avec brio.

Amélie Bresson

05/05/2020


SOURCES :

Articles :

https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/13/coronavirus-des-premiers-cas-aux-annonces-de-macron-les-principales-etapes-de-l-evolution-de-l-epidemie-en-france_6032967_3244.html

https://www.santemagazine.fr/sante/maladies/maladies-infectieuses/maladies-virales/tout-savoir-sur-les-infections-respiratoires-a-coronavirus-431783#Qu’est-ce-qu’un-coronavirus-?

https://www.e-marketing.fr/Thematique/cross-canal-1094/Breves/Comment-digitaliser-ses-evenements-348216.htm

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/coronavirus-covid-19-restez-connectes-vos-evenements-culturels-preferes-auvergne-1806282.html

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/confinement-les-danseurs-de-l-opera-de-paris-offrent-un-ballet-en-visioconference_3919555.html

https://news.cgtn.com/news/2020-03-24/Shanghai-Fashion-Week-2020-The-show-must-go-on-but-how–P7qzSKq8Fy/index.html

https://www.alizila.com/what-shanghais-first-digital-fashion-week-meant-for-brands-and-designers/

Études :

https://fr.statista.com/statistiques/1104154/nouveaux-cas-coronavirus-france/

https://fr.statista.com/statistiques/1103533/glissement-annuel-pib-coronavirus-france/

Sites internet :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_%C3%A0_coronavirus_2019#Historique_de_la_maladie

https://www.lesprosdeleco.com/recession-definition-et-consequences/

https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/pib/

https://www.definitions-marketing.com/definition/Phygital/

Magazine :

  • L’événementiel, numéro 285 d’avril 2020

Interview :

  • Karine Bresson, Directrice de la société Régie Tech – interrogée le 04/05/2020.